lundi 27 juin 2011

US Documentary Programming Trends

Compte-rendu d’une conférence de fin de journée qui s’est tenue en anglais avec des intervenants américains, le thème en étant les tendances actuelles et à venir de la programmation de documentaires aux Etats-Unis.

Cette conférence était principalement animée par la figure charismatique de Stephen Harris, Directeur des programmes hors fiction et alternatifs pour le réseau américain A&E Television Networks (AETN), et ancien, entre autres, de CBS, Discovery ou encore HBO. Se faisant appeler par son prénom jusque sur ses powerpoints impeccables, et se déplaçant à travers la salle dans la plus pure tradition du show américain, Stephen Harris donne la réplique à deux animateurs et une représentante du réseau public, dont on entend peu la voix discordante, si ce n’est sur la fin.

Une première partie est consacrée à rappeler, à travers différents schémas, le cadre général du processus de production : les programmateurs sont les partenaires des producteurs, mais le véritable patron, celui qui génère les recettes dans une chaîne commerciale, c’est l’audience, et c’est ce que doit prendre prioritairement en compte le programmateur dans son choix de programmes – surtout qu’il existe une forte concurrence aux Etats-Unis dans le domaine des chaînes de documentaires ; le secteur est largement dominé par 2 grands réseaux, le leader Discovery et son concurrent AETN dont est issu Harris. Il est à noter que le réseau n°3 pour les documentaires serait… MTV (nous y reviendrons).

Stephen Harris entreprend ensuite rapidement de nous expliquons en quoi consiste concrètement le métier de programmateur : beaucoup de lecture et de visionnage de DVD ou de télévision, et 4 ou 5 réunions par jour concernant les projets en cours (en général, 8 projets à différents stades de production ou post-production, auxquels il faut ajouter les innombrables projets en développement).

C’est ensuite que l’on entre véritablement dans le vif du sujet : le type de documentaires que recherche Stephen Harris et AETN, les documentaires qui drainent l’audience américaine et donc l’attrait des programmateurs.

Harris identifie, avec des exemples édifiants, 4 points sur lesquels il se dit intraitable concernant le contenu des documentaires :

- Des personnages charismatiques (« big characters »)

- Des moments de suspens fort (« high stakes »)

- Des images exclusives (« unique access »)

- Un documentaire avec une narration et surtout une fin (« resolution »)

Par high stakes, Harris entend, par exemple, « personnages risquant leur vie » ; et par unique access, comprenez « images fortes, pénétrant au cœur de la vie privée des personnages » : ne filmez pas une mère se plaignant des addictions de son fils, filmez directement lorsqu’il prend sa dose dans sa baignoire…

On mesure dès lors le fossé qui sépare le concept de documentaire en France et aux Etats-Unis, et l’on comprend dès lors comment MTV se retrouve parmi les premiers diffuseurs de ce type de programmes aux USA. Stephen nous présente ensuite quelques exemples de documentaires à succès à travers des teasers, et notamment Pawn Stars, auquel il fait référence tout au long de son intervention. Il s’agit d’une émission proche de Jour après jour, dans laquelle on suit des rednecks américains tenant une petite boutique d’achat et de revente, et notamment leurs relations électriques avec certains clients.

L’univers du documentaire américain semble donc s’être confondu avec celui de la télé-réalité, à travers le concept de Factual documentary: filmer la réalité quotidienne au plus près – et au plus spectaculaire.

Stephen Harris identifie également 2 autres tendances importantes du documentaire américain, moins sujettes à débat :

- La tendance à la sérialisation des émissions, qui permet de fidéliser l’audience et de la stabiliser en s’appuyant sur des valeurs sûres, des émissions qui deviennent des marques attirantes.

- L’importance de l’image, de l’innovation technique et de sa valeur esthétique. Les images de synthèse ou animées, les documentaires 3D, etc, ont le vent en poupe, et désormais les programmateurs n’investissent quasiment plus dans aucun programme sans avoir vu un teaser vidéo représentatif de l’univers visuel.

La fin de l’intervention est marquée par un léger débat sur la conception du documentaire de Stephen Harris, débat initié par la représentante de PBS ; celle-ci fait remarquer que PBS propose des documentaires totalement différents, axés sur la vulgarisation de problèmes scientifiques contemporains(documentaires sur l’espace-temps, les univers parrallèles…) avec un certains succès. Le secret de ce succès serait de proposer quelque chose d’unique, hors de toute concurrence dans le paysage audiovisuel américain.

Quoiqu’il en soit, l’impression générale qui ressort de cette conférence est le sens complétement différent donné au concept de documentaire des deux côtés de l’Atlantique, qui peut porter à confusion. Le documentaire américain semble se confondre avec le flux, abandonnant toute idée de subjectivité et de démarche personnelle du réalisateur aux européens, et aux grands noms de l’investigation à la Michael Moore.

PP

Les chaînes thématiques "Plus" du groupe Canal

La chaîne planète et ses déclinaisons "Justice", "No limit" et "Thalassa" ont changé de nom. Celles-ci sont devenues Planète +, Planète + Justice, Planète + No limit et Planète + Thalassa. Il s'agit là d'une évolution expliquée par Olivier Stroh, patron des chaînes thématiques du groupe Canal.

L'apparition des chaînes de la TNT et la multiplication des chaînes gratuites offertes par certains bouquets cable-satellite risquait de noyer l'offre de Planète et celle-ci se devait de se différencier. Ainsi, le "+" permet de se démarquer en affirmant le côté "premium" des chaînes, offrant le meilleur du documentaire. Ainsi, si la ligne éditoriale reste dans l'esprit originel de Planète et de Canal +, à savoir éveiller les consciences, mettre en valeur le partage, la promotion de l'altérité, la solidarité etc. 

Olivier Stroh affirme vouloir dorénavant "faire moins de choses mais mieux financées". Il propose ainsi un surinvestissement pour deux grosses productions par an. Cela peut aller de 50 000-75 000€ jusqu'à 150 000€ pour Planète +. Les autres chaînes déclinées de Planète financent à hauteur de 15 000-30 000€. Il est à noter que Seasons finance à 100% ce qu'elle produit, cela en fait une exceptions dans le PAF.

La présentation aux producteurs de documentaires des perspectives de financement et d'engagement de Planète leur laisse présager une continuité dans le soutien à la diversité de la production documentaire. Olivier Stroh en profite pour rappeler la "procédure" à suivre pour proposer un projet : l'envoyer aux responsables des achats/préachats de la chaîne et au responsable éditorial.

L'idée principale qui ressort de cette présentation reste la volonté d'identifier les chaînes comme le meilleur du documentaire, d'être plus prestige que les autres chaînes. Le premium étant la perspective de développement des chaînes à péage, on comprend que l'évolution des chaînes dédiées au docu du groupe Canal suive l'évolution de la grande soeur: Canal +.

G.A.

jeudi 23 juin 2011

Panasonic 3D

Petit compte-rendu de la conférence de Panasonic sur les caméras 3D d'aujourd'hui et de demain développées par la marque. Ca rappellera de bons souvenirs à mes collègues et amis producteurs de l'InaSUP.

Panasonic a décidé de se concentrer sur la 3D stéréoscopique. Mais qu'est-ce que la stéréoscopie exactement ? Revenons un instant sur l'anatomie de l'être humain... Celui-ci réussit à apprécier les distances, le relief et la profondeur parce qu'il perçoit en fait deux images légèrement différentes, puisque nos yeux sont espacés d'environ 6cm. La première étape pour filmer en stéréoscopie est donc de générer deux images qui soient distantes d'environ 6cm.

C'est ce qu'on appelle la parallaxe ! Le problème, c'est que c'est le seul paramètre que notre cerveau tolère. Toute différence au niveau de la focal, de la luminance, de la colorimétrie ou autre ne sera pas acceptée par notre cerveau, qui devra fournir un effort supplémentaire pour adapter l'image qu'il perçoit, occasionnant au passage une gêne très importante.

Et c'est là toute la difficulté pour les caméras 3D, qui nécessitent donc d'être réglées au micromètre près. C'est en particulier délicat pour la série de caméra HC1800, qui sont en fait deux caméras 2D fixées sur un rig. C'est un choix flexible et haut-de-gamme, puisque les deux caméras peuvent être superposables, permettant alors d'atteindre un entraxe nul. Cependant, une telle installation nécessite un travail très important, chaque modification devant être rigoureusement identique sur chacune des deux caméras.

Ce problème a trouvé une solution alternative avec la sortie de la série 3DA1, qui est une caméra binoculaire. Le coût est faible, et surtout son maniement est relativement simple puisque c'est une prêt-à-tourner et qu'elle nécessite peu de corrections en post-production. Cependant, cette caméra n'est pas non plus conçue pour tourner sur plateau ou pour le cinéma.

C'est justement la prochaine étape que souhaite atteindre Panasonic, en sortant avant la fin de l'année la série 3DP1, petite soeur évoluée de la 3DA1. Cette caméra offrira une qualité d'image très importante, permettant le tournage en plateau par exemple.

RG

mercredi 22 juin 2011

La politique éditoriale de Canal Plus

Un compte rendu de la conférence qui s’est tenue à 17h au Sunny Side of the doc
La salle est comble, un signe explicite de l'importance de la chaîne dans le paysage audiovisuel documentaire.
Christine Cauquelin, Directrice des documentaires de la chaîne, commence par l'état de santé du documentaire sur la chaine. Elle tient à démentir les rumeurs selon lesquelles Canal Plus ne ferait plus de pré-achat. Elle rappelle donc que Canal Plus a investit en 2010, plus 11 millions d’euros et augmenté ses investissements de 12 % sur 2011.

La ligne éditoriale de Canal Plus c'est un « work in progress permanent ».
Ce qui importe c'est pourquoi on fait les choses et comment on les fait? Cohésion sociale, vision du monde durable, ouverture ….
Quelques exemples de documentaires que vous pourrez voir à la rentrée sur Canal Plus, en première partie de soirée :
Hors Jeu, carton rouge contre l'exclusion, un doc sur la coupe du monde de foot des sans abris, dont la neuvième édition se tiendra à Paris en Aout 2011.Jérome Mignard, le réalisateur a filmé dans 5 pays des participants.
Paris Clichy / Paris Clichés :Deux lycées, l’un situé dans le 16eme à Paris et l’autre à Clichy organise un faux procès, le procès de la violence « pour en finir avec la haine et sensibiliser les jeunes » et leur permettre de se rencontrer.
Familles No carbone, un documentaire sur trois familles à Nanterre qui se sont lancées dans la construction d'un habitat écolo et trouver d’autres façons de vivre ensemble. Les réalisateurs les ont suivis de l’achat de la friche à leur installation. Le documentaire est réalisé par Regina Abadia et produit par Bonne Pioche.
Makay, les aventuriers d’un monde perdu, produit par Gédeon. Une équipe de scientifique a réalisé une expédition dans le massif du Makay à Madagascar
pour analyser la faune et la flore qui se sont développés dans cet endroit. Le projet a été tourné 3D.
Pour Canal Plus, l’enjeu est que ces documentaires ne deviennent pas classiques, qu’ils aient des couleurs différentes afin d’attirer le public. Les documentaires doivent être unique et réussir à créer l’événement .C’est pourquoi la chaine est plus ouverte sur sa ligne éditoriale.

En deuxième partie de soirée, Canal Plus propose des documentaires qui font écho de par leur sujet à des films de long métrage diffusés sur la chaîne. La chaine avait déjà associé film et documentaire lors de la diffusion de The Ghost Writer, et du film A l'Origine de Xavier Gianolli qui avait éét suivi d’un portrait sur Philippe Berre.
Vous pourrez notamment voir :
Les nouveaux maitres du monde, ou comment Goldman Sachs, est devenue la banque la plus puissante du monde? Qui suivra le film Wall Street 2.
Ou encore un documentaire produit par Capa, sur les liens entre littérature et cinéma qui suivra le film Elle s'appelait Sarah et reviendra sur les succès des adaptations de livres au cinéma comme Le Seigneur des Anneaux, Twilight...

Canal Plus continue également sa politique pour les documentaires plus légers sur les tendances de la société. Série Addict, produit par Agat Films et réalisé par Olivier Joyard, (rédacteur aux Inrocks et spécialiste des séries télé) sur les addicts des séries tv. Le documentaire reviendra sur les mécanismes de la série et montrera comment les séries télé nous rendent accros?
Les nouveaux explorateurs, lancé il y a 5 ans, et dont l’ambition est de renouveller le genre du documentaire d’exploration notamment grce à une équipe de présentateurs / documentaristes jeunes et dynamiques qui parcourent le monde sera également au rendez vous à la rentrée. Christine Cauquelin rappelle au passage que cette case est bien du documentaire même si elle fait débat souvent prise pour du magazine.
Enfin le documentaire sur Canal Plus c’est le cinéma documentaire. Dans le cadre de cette case mensuelle, vous aurez l’occasion de voir des documentaires internationaux qui ont rencontré le succès en salle. Crise financière, procès, street art ou encore musique voici les thèmes qui sont au cœur de ces documentaires.
Inside Job de Charles Ferguson sur la crise financière, Cleveland contre Wall Street de jean Stéphane Bron, Benda Bilili, Outrage ou encore Faites le mur sur le célèbre Banksy.
 
Eveiller les consciences, parler des tendances, filmer des modes de vies alternatifs et surtout être ouvert sur le monde  et proposer des écritures originales et nouvelles, c’est ça le documentaire sur Canal Plus.

A demain pour découvrir la ligne éditoriale de Planète et le compte rendu de l’étude de cas Justice, un documentaire en direct du cours de Michael Sandel, le célèbre professeur de l’Université de Harvard.

Julia Fangeaud

Serious Game, ou le jeu vidéo à la rescousse de grandes causes...

Avec le cross media, s'il y a bien un terme qui revient de plus en plus dans le monde du numérique, c'est bien le serious game. Mais qu'est-ce exactement que le jeu vidéo dit "sérieux" ?

Il s'agit de reprendre tous les codes du jeu vidéo et de construire un récit favorisant l'apprentissage et l'adhésion à des valeurs. Le serious game est de plus en plus utilisé par les grandes entreprises, mais aussi par les grandes institutions de la santé, de la défense, de l'éducation, etc.

Deux grands pôles en France ont investi sur le serious game : il s'agit d'Imaginove, qui est une association de 150 membres, spécialisés dans les domaines de l'animation, du jeu vidéo, etc. et situé dans le Rhône-Alpes. Le second est Univers Science, croisement entre la Cité des Sciences et le Palais des Découvertes, et qui s'est positionné depuis 2 ans maintenant sur le serious game.

La réflexion sur le serious game remonte à une étude faite dans les années 1970 aux Etats-Unis, révélant que les enfants se structuraient par le jeu. Mais le jeu était alors une compétition, avec des vainqueurs et des perdants. C'est justement ce qu'a voulu changer le New Games Movement, en développant des jeux qui ne soient pas compétitifs.

En 2004, création du festival Games for Change, pour répondre à la question : comment utiliser le jeu vidéo pour communiquer sur des grandes causes et des grandes questions : Santé Publique, Economie, Droits de l'Homme, Conflits, Pauvreté, etc. Plusieurs serious game ont donc été présenté, et notamment :

  • September 12th : dans lequel il faut bombarder des terroristes, tout en faisant des victimes civils. Or, les survivants deviennent eux-mêmes des terroristes et augmentent donc le nombre de ces derniers, et donc la difficulté, le nombre de bombardements et le nombre de morts, etc. Provoquant une onde de choc à l'époque vis-à-vis du thème abordé et de la façon de l'aborder, September 12th avait comme mission de montrer le cercle vicieux de la violence.


  • les serious game se sont aussi développés sur les réseaux sociaux, à l'exemple de Power Planets, qui aborde le problème du développement durable (tout comme Climate Challenge, disponible sur internet).


  • The Curfew, dans lequel Londres, en 2027, est soumis à une dictature enchaînant couvre-feux et mesures autoritaires, afin de sensibiliser les joueurs à leurs droits et à leur liberté d'expression.


  • en réponse à des grandes catastrophes également, comme Inside the Haïti Earthquake, dans lequel le joueur joue trois rôles (un journaliste, un humanitaire et un survivant), et doit prendre des décisions parfois lourdes de conséquences.


  • enfin, certains serious game sont couplés à des documentaires, tel que A Force More Powerful, jeu de stratégie dans lequel le joueur doit mettre fin à des conflits en utilisant uniquement des moyens diplomatiques et pacifiques, et Garbage Dreams, traitant du commerce des détritus au Caire et qui a fait l'objet d'un documentaire avant de devenir un seious game.


Le dernier serious game qui vient de sortir, 2025 Ex Machina, est à l'intention des enseignants qui se retrouve parfois désemparés face à certaines questions, comme l'utilisation des téléphones portables, et tout ce que l'on peut faire aujourd'hui avec (photographier, filmer, et mettre ces contenus à disposition d'un public large), ou l'utilisation de facebook et de ce que l'on fait des contenus que l'on publie sur nos profils.

En résumé, une conférence intéressante sur un support qui ne cesse de se développer et qui a encore beaucoup de potentiel, même si nous aurions bien aimé aborder les questions du financement, du nombre d'utilisateurs de ces serious game et du temps qu'ils passent devant ceux-ci, etc.

RG

Crowd funding

La Rochelle, le 21 Juin 2011

La conférence au sujet du « Crowd Funding » s’est  déroulée dans le cadre du « Sunny Lab »[1] au « Sunny Side of the Doc 2011»[2]. Des  représentants des sociétés « Touscoprod » et « Verkami » ont présentés leurs sites internet et ont parlé de leurs expériences dans la coproduction des projets.
Le « Crowd funding » est un nouveau mode de financement qui commence à se faire remarquer en Europe. Se sont des plateformes sur internet qui donnent l’opportunité aux projets indépendants de trouver un financement  et permettent aux internautes de devenir producteur des projets qui les intéressent.
L’organisation française « Touscoprod » a pour but la coproduction des films. Le site espagnol « Verkami » quant à lui, a pour but le financement des projets indépendants en général (ce n'est pas nécessairement des projets audiovisuels). Les projets qui veulent être financés sont évalués  par une commission, qui les choisit selon la qualité et la présentation et aussi la ligne éditoriale de chaque site.
Comment est-ce que touscoprod fonctionne ?
Sur le site, il y a un catalogue que l’on peut consulter pour découvrir les projets qui cherchent un financement. Les internautes peuvent coproduire le film en souscrivant au minium 10€. Si au moins 100% du budget est réuni avant la date d’échéance, la communauté coproduit ce film, sinon il est retiré du site, et la somme qui a été donnée sera intégralement remboursée.
Si la somme est récoltée le projet pourra rester sur le site afin d’obtenir plus de dons. Deux films par mois sont sélectionnés. Le montant maximum qu’un internaute peut donner est la somme équivalent au 10% de la part de budget demandé par le crowd funding.
L’apport réuni par le site permet de compléter le budget du film aux cotés du producteur. Touscoprod privilégie les films indépendants qui ont besoin des communautés pour se faire connaître et permettre un succès en salles.
Comment est-ce que Verkami fonctionne ? Ce site spagnol offre des espaces pour que des projets créatifs puissent trouver un financement. Les projets sélectionnés ont une page sur le site. Apres un période de 40 jours ils peuvent recevoir les dons envoyés par les internautes, à condition que les 100% du montant demandé soit réuni, sinon il est retiré du site, et la somme qui a été donnée est intégralement remboursée.
Ainsi ce genre des plateformes donnent l’opportunité aux films qui n’ont pas encore été terminé de trouver la lumière. Dans ce nouveau mode de financement les internautes se sentent porteurs d’un message. Ils ont l’opportunité de soutenir les films qu’ils veulent et de cette façon coproduire un film.
En devenant coproducteur du film le public à accès à de nombreux services parmi lesquels : les dernières actualités et des informations privilégiées, la personnalisation à votre nom de la bande annonce de vos films coproduits, la possibilité d'avoir votre nom au générique, de poser des questions à l’équipe du film, visionner le film par streaming en avant-première avec votre nom au générique, etc.
Alejandra Gonzalez Zurita







[1] « Suny Lab » Un stage des formations au sujet des nouveaux médias et un cycle des conférences, qui font partie au même temps des événements organisées par « Sunny Side of the Doc ».
[2] Marché international du documentaire en  France.

Quand le cross média s'invite au Sunny Side...


 ... Le workshop d'Hugues Sweeney, producteur interactif à l'ONF, lundi 20 juin 2011...

Transmédia, cross média, web documentaires, ou encore œuvres interactives, linéaires, non linéaires... autant de dénominations pour un nouveau genre, de nature documentaire, apparu chez nous français, il y a environ 5 ans, avec en tête du mouvement Upian et Alexandre Brachet. Depuis, les exemples sont nombreux, de Gaza Sderot (UpianArte, 2009) à Happy World (Upian5ème étage Production, 2011) en passant par les Portraits d'un nouveau monde (Narrative-France 5), et les entreprises qui produisent des projets destinés au web fleurissent ci et là : Darjeeling Productions (avec Brèves de Trottoirs, 2010) ou Enfin Bref Productions (Webstern Socialiste, 2011). Parallèlement, les agences et les collectifs de photographes investissent massivement ce support de création et de diffusion... 
 

Mais force est de constater que l'ONF (Office National du Canada) a quelques pas d'avance sur nos productions nationales : de Waterlife (2009) à Sacrée montagne (2011), de Ma tribu c'est ma vie (2010) à Pine Point (2011), l'agence fédérale canadienne a massivement investi dans la production d'oeuvres interactives, jusqu'à lui consacrer près d'un quart de son budget de production. Et la différence entre ces productions et les « nôtres » tient en deux points, d'après nous :

- le premier, c'est la méthode. Une méthode qui apparaît presque infaillible et qui place les spécificités de la production d'oeuvres interactives au cœur d'un processus industriel bien rôdé, et composé de 4 étapes (création / pré-production / production / exploitation). Chacune est représentée par des schémas permettant d'opter ici pour tel ou tel scénario interactif, et là, pour telle ou telle mise en ligne, le tout, chapeauté par un calendrier de production tel que nous les connaissons dans la production « traditionnelle ». Là où les français semblent bien souvent improviser, les canadiens expérimentent aussi mais en se fondant sur une méthode de travail déjà bien avancée.

- le second, toujours d'après nous, est la capacité de l'ONF à s'ouvrir à de l'artistique, du contemplatif, du poétique. Nous l'évoquions plus tôt, les (photo-)journalistes ont massivement investi le terrain du web documentaire en France, ce qui rend la création d'oeuvres centrée sur un contenu documentaire de grande qualité, mais que nous connaissons déjà via la télévision ou le cinéma. Le film d'animation pour ordinateur Bla bla bla de Vincent Morisset (notamment créateur du clip interactif Neon Bible du groupe Arcade Fire) dispose par exemple d'une place de choix sur le site de l'ONF ; et Sacrée montagne bien que clairement né d'une volonté de questionner la place de la montagne Ste Geneviève à Montréal dans une société où la religiosité à si peu de place, comme le souligne Hugues Sweeney, est aussi un objet poétique, faisant la part belle à la rêverie.
En tout état de cause, il semble incontournable de jeter régulièrement des coups d'oeil sur les créations interactives de l'ONF, et c'est ici que cela se passe : http://www.onf.ca/interactif/


Pour plus d'informations, ou des articles de fond sur les enjeux, outre-Atlantique, comme chez nous, de ces nouvelles formes narratives, le blog de David Dufresne (entre autres, réalisateur de Prison Valley avec Philippe Brault) est une véritable mine d'or : http://www.davduf.net/

C.C.

[SUNNYLAB] Case Study Nano Revolution

Nano Revolution est un ambitieux projet documentaire en trois épisodes coproduit entre le Canada, la Japon et la France. La sortie est programmée à l’automne 2011.

Né il y a 5 ans à l’occasion du XVIIe Sunny Side, le triptyque se met depuis progressivement en place sous l’égide des trois chaines partenaires : Arte, la CBC et NHK. Chacune a la responsabilité d’un épisode et aborde un thème différent : nanotechnologie et médecine (Arte), nanotechnologie et environnement (CBC), société et nanotechnologie (NHK).

Le défit du projet est de taille. A travers un docudrama a l’esthétique futuriste, il s’agit de raconter une histoire à des téléspectateurs qui, bien souvent, ne savent rien sur quelque chose que l’on ne peut voir. Pour rendre l’invisible visible, le recours aux graphiques et images animées est essentiel.

A partir des connaissances technologiques actuelles, il était impossible de proposer une histoire globale sur trois épisodes et trois territoires différents. Les intrigues sont donc distinctes, ce qui a également permis d’associer différents réalisateurs au projet avec des sensibilités particulières. Le réalisateur français est par exemple issu du documentaire quand le metteur en scène japonais est habitué aux films de sciences fiction. Seule la direction artistique commune à chacun des projets permet de tisser un lien entre les épisodes et ainsi de garder une certaine unité de style.

Si la diffusion française est prévue en seconde partie de soirée, Arte espère néanmoins une bonne audience pour faire de ce projet un triptyque précurseur à de nouvelles coproductions internationales du même genre.

AM.